Alors qu'elle se produit régulièrement à l'Opéra national de Bordeaux, Rebecca Sorensen s'est illustré sur la scène du Studio Bastille lors de l'audition déroulement de carrière de Génération Opéra. À cette occasion elle revient sur son parcours musical, de sa découverte de l'Opéra aux moments marquants de sa carrière, découvrez son parcours et ses aspirations.
Pouvez-vous vous présenter et revenir sur votre parcours musical ?
J’ai grandi dans une famille où la musique occupait une grande place : ma mère était chanteuse et guitariste, et j’ai commencé le piano à cinq ans puis la flûte un peu plus tard. J’ai toujours chanté, et je me suis tournée vers des études en chant lyrique, d’abord à la DePaul University de Chicago (Bachelor), puis à la Rice University de Houston (Master). J’y ai eu la chance d’étudier avec des professeurs tels que Kathleen Kaun et surtout Susanne Mentzer, qui m’accompagne depuis l’adolescence comme une véritable mentor.
Après mes débuts professionnels aux États-Unis, j’ai choisi en 2016 de m’installer en Europe. En Allemagne, j’ai participé à plusieurs productions dans les chœurs de différentes maisons d’opéra. Ce travail correspondait à ce dont j’avais besoin à l’époque, il m’a offert une grande stabilité et surtout une expérience scénique quotidienne. Ce fut un formidable tremplin. J’ai commencé également à chanter de petits rôles solistes. En 2022, j’ai rejoint l’Opéra National de Bordeaux, où j’ai eu l’occasion d’interpréter Violetta, Leïla et Musetta dans des productions en format réduit, et en 2024 le rôle d’Elena dans la production de Il cappello di paglia di Firenze de Nino Rota. Mon parcours, parfois sinueux, m’a offert des expériences variées et formatrices. Je me sens prête à poursuivre pleinement ma carrière de soliste, et je suis très reconnaissante de cette opportunité avec Génération Opéra qui arrive au moment parfait de ma carrière.

Comment avez-vous découvert le chant ?
Je chantais depuis toujours, mais à neuf ans j’ai eu la chance de participer à une comédie musicale de Noël avec le chanteur Kenny Rogers lors d'une tournée à travers les États-Unis. Ce fut une expérience inoubliable : l’énergie de la scène et du public m’a immédiatement conquise. Ma rencontre avec l’opéra fut un coup du hasard. Une amie du lycée m’a demandé de l’accompagner voir Lucia di Lammermoor au Lyric Opera de Chicago : elle avait convaincu tous nos amis en expliquant que c'était mon rêve et avait réuni de l’argent pour nous offrir les billets les moins chers. Dès les premières notes de Natalie Dessay, j’ai été saisie par l’émotion : je pleurais pendant toute la représentation et, dès l’entracte, j’ai su que le chant lyrique serait ma voie. Ce moment a profondément marqué mon engagement pour cette musique et la scène.

Pouvez-vous revenir sur un événement marquant de votre carrière ?
Ma participation au programme Fellowship de Songfest à Los Angeles fut un moment particulièrement marquant dans ma carrière. Pendant un mois, j’ai eu la chance de travailler dans un véritable incubateur musical, entourée de chanteurs, compositeurs et chefs de chant de renommée mondiale. C’était absolument incroyable : j’ai pu travailler sur des œuvres contemporaines que j’adore, comme Harawi de Messiaen et Apparition de George Crumb, avec des artistes légendaires comme Lucy Shelton et Dawn Upshaw, chanter Schubert accompagnée au piano par Graham Johnson, répéter avec Martin Katz, travailler avec Jake Heggie sur ses propres compositions, et suivre des cours avec ma professeure et mentor Susanne Mentzer. Ce mois de travail intensif m’a profondément nourrie. Vivre et respirer la musique avec ces artistes exceptionnels m’a rappelé combien j’aime collaborer, explorer différents styles et époques, et servir la beauté de chaque œuvre. Cette expérience a considérablement influencé ma façon d’aborder le travail musical et les différentes collaborations que je peux avoir aujourd’hui, en plaçant toujours la musique et l’émotion au centre de chaque interprétation.
Avez-vous un répertoire de prédilection ? Quels sont les rôles que vous aimeriez chanter ?
J’ai toujours eu un amour particulier pour Mozart, mon plus grand rêve serait de chanter Susanna dans Le nozze di Figaro — c’est une œuvre parfaite, pleine d’humour, de drame, d’amour et de trahison, et Susanna en est le cœur et le pilier. J’ai déjà chanté Barbarina, et maintenant je croise les doigts pour interpréter le rôle de Susanna… J’aime beaucoup passer du baroque au bel canto, explorer le répertoire français ou russe, ou me plonger dans la musique contemporaine... Cela me passionne. J'aimerais beaucoup interpréter également les rôles de Gilda et de Violetta, ou encore approfondir les rôles pour soprano de Handel.
Avez-vous des projets pour cette saison ?
Ma saison est toujours en train de se dessiner. Cet automne, je participerai à des concerts de musique ancienne avec un groupe de merveilleux musiciens, autour de cantates de Telemann et de Vivaldi, ce qui me permet de continuer à explorer des répertoires variés tout en travaillant avec des partenaires inspirants. Au printemps, j’aurai l’opportunité d’interpréter Norma dans une version réduite à l’Opéra National de Bordeaux. C’est un rôle que j’adore, et j’ai vraiment hâte de m’y plonger et de relever ce défi sur scène.
