Interview Martina Myskohlid - Mezzo-soprano, promotion GO 23-24

Originaire de Toronto, Martina Myskohlid découvre le chant lyrique après des études de comédie musicale. Actuellement membre de l'Opéra Studio de Montréal, découvrez son parcours, ses aspirations et ses futurs projets...

Musée Gustave Moreau (c) Karl Pouillot
Génération Opéra — 

Peux-tu te présenter, et présenter ton parcours artistique ?  

Martina Myskohlid — 

Je m’appelle Martina Myskohlid, je suis mezzo-soprano. Je viens de Toronto et j'habite maintenant à Montréal.

Comment as-tu pris le chemin de l’opéra et de la musique en général ?

Je chante depuis que je suis petite, à l’âge de huit ans j’ai rejoint le choeur “High Park Choirs of Toronto”. C’est d’ailleurs avec eux que je suis allée à Paris pour la première fois. En 2009, je me suis prise de passion pour la comédie musicale. Lors de mon entrée au lycée, j’ai auditionné pour la Etobicoke School of the Arts, la meilleure école secondaire artistique au Canada, permettant de me spécialiser en comédie musicale. C’est à la fin de ma 3ème année dans cette institution que j’ai découvert l’opéra. J’ai réalisé que ma voix correspondait plus naturellement aux spécificités de l’art lyrique (ce qui tombe bien, car je n’ai jamais été très douée en danse !). J’ai travaillé d’arrache-pied afin de préparer un répertoire d’audition pour les admissions à l’université. J’ai intégré l’Université de Toronto, j'ai obtenu mon baccalauréat en chant lyrique. Ensuite, il m'était évident de poursuivre mon chemin dans le milieu de l’opéra. J’ai rejoint l’Université Yale, aux États-Unis, pour l’obtention de mon master, puis l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Montréal en 2021. Je viens de terminer mon expérience à l’Atelier Lyrique, j'ai hâte de voir dans quelle direction ira ma carrière par la suite ! 

Quel est ton premier souvenir d’Opéra ? 

A l’âge de neuf ans, j’ai chanté comme choriste au sein d’un programme pour jeunes chanteurs au Canadian Opera Company à Toronto !

Peux-tu revenir sur une production marquante / un moment fort dans ton parcours ? 

Lors de mes études à Yale, j’ai chanté le rôle de Paula dans l’opéra de Daniel Catán Florencia en el Amazonas. C’est sans aucun doute la production qui m’a le plus marquée jusqu’à présent. J’incarnais une femme en chemin pour l’Amazonie avec son mari elle avait l’espoir de sauver son mariage. C’était ma première expérience en tant que soliste dans un opéra comprenant tous les aspects d’une production professionnelle : un orchestre, une mise en scène et un chef venu tout droit d’un autre pays pour l’occasion !

Quel serait le rôle de tes rêves dans les prochaines années ? 

Il y en a beaucoup...mais en ce moment je dirais Angelina dans La Cenerentola de Rossini.

Martina Myskohlid et Rodolphe Lospied au Musée Gustave Moreau

 Peux-tu nous parler de tes prochains projets ?

Oui… ou en tout cas de ceux qui sont déjà annoncés !  Je participe au mois de juin à la demi-finale du concours Voix Nouvelles 2023 à l’Opéra de Massy. En octobre je participe à un grand concert de soutien à l’Ukraine avec l’Orchestre classique de Montréal (étant d’origine ukrainienne, c’est un événement très spécial pour moi). Encore à Montréal, je chanterai le rôle de Flora dans La Traviata avec l’Opéra de Montréal. C’est tout ce que je peux révéler pour l’instant… 

Quelles sont tes dernières découvertes culturelles ?

Plus jeune, j'ai souvent participé aux activités de l’église ukrainienne mais ce n’est que récemment que j’ai utilisé ma voix pour représenter et explorer cette partie de mes origines en m’impliquant notamment dans la communauté musicale ukrainienne au Canada. Il existe de nombreuses chansons ukrainienne et elles sont toutes très touchantes. Elles sont d’ailleurs disponibles gratuitement sur le site web www.ukrainainartsongproject.com accompagnées des traductions et de la transcription phonétique de chacune d’entre elles. Ce n’est donc pas exactement une « découverte » pour moi, mais ça m’a certainement apporté la découverte d’une nouvelle passion pour cette culture. 

Tu habites au Canada peux-tu nous parler de ta formation lyrique et des spécificités du Canada dans le milieu de l’Opéra ?

La formation lyrique au Canada est très qualitative mais égallement très compétitive. Nous sommes très chanceux d’avoir la chance d’étudier avec des enseignant.e.s accompli.e.s et renommé.e.s. La formation se concentre sur la technique vocale, le jeu d’acteur, la technique Alexander et la psychologie de performance, pour ne nommer que ceux-ci. C’est important de pouvoir développer tous les aspects de l’artiste que nous souhaitons devenir. Au Canada, de plus en plus d’œuvres contemporaines et surtout des créations ont le vent en poupe. Le public d’ici aime ces nouveaux opéras, qui traitent de sujets actuels et qui sont écrits avec les codes des grands drames contemporains.  Je suis passionnée par le répertoire lyrique classique, mais je pense que le futur de notre art passe aussi par la création.


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