La mezzo-soprano Marielou Jacquard développe trés tôt un goût de l'éclectisme en s'illustrant tant dans des productions baroques ou d’opéras classiques que dans des concerts de musique de chambre et des créations contemporaine. Finaliste de l'audition déroulement de carrière elle revient à cette occasion sur son parcours artistique.
Pouvez-vous vous présenter et revenir sur votre parcours musical ?
Je m’appelle Marielou Jacquard, je suis mezzo-soprano. J’ai découvert la musique très jeune à la Maîtrise de Radio France. J’ai ensuite choisi de poursuivre mes études à la Hochschule für Musik Hanns Eisler de Berlin, séduite par l’énergie de la ville et son effervescence artistique. J’y ai trouvé un terrain idéal, autant pour approfondir mon attrait pour le lied que pour m’immerger dans la scène bouillonnante de la musique contemporaine et du théâtre musical. De retour en France après mon Master, j'ai cultivé mon goût de l'éclectisme : je chante aussi bien dans des productions baroques ou d’opéras plus tardifs que dans des concerts de musique de chambre et de création contemporaine.

Comment avez-vous découvert le chant ?
Je viens d’une famille très éloignée de la musique. C’est au hasard des rencontres et d’un joli brin de voix que je suis entrée à la Maîtrise de Radio France. La rencontre avec le chant a été immédiate, tout comme mon attrait pour la scène. J’ai découvert l’opéra grâce à Carmen de Bizet, mais aussi grâce au Tour d’écrou de Britten, dans lequel j’ai joué enfant le rôle de Flora. La richesse du livret m’a donné très tôt le goût de raconter des histoires bouleversantes sur scène. Le chant m'est indissociable d’un rapport sensible au texte : c’est un véhicule extraordinaire pour partager des histoires.
Pouvez-vous revenir sur un événement marquant de votre carrière ?
J’ai été très touchée par l’invitation de Stéphane Degout, pour qui j'ai une immense admiration, à le rejoindre sur plusieurs projets. Nous avons notamment partagé une tournée de récitals autour de La Belle Maguelone de Brahms, enregistrée chez B Records avec Alain Planès et Roger Germser. Je garde aussi un souvenir fort de mes débuts à l’Opéra Comique, lieu qui possède pour moi une magie particulière, avec son acoustique et son atmosphère si veloutées. J’y ai fait mes premiers pas dans Coronis, une zarzuela baroque avec le Poème Harmonique, puis j’y suis revenue à plusieurs reprises, notamment pour Lakmé de Delibes.

Avez-vous un répertoire de prédilection ? Quels sont les rôles que vous pourriez et que vous aimeriez chanter ?
J’ai une affection particulière pour les répertoires mozartien et rossinien – je pense notamment à Cherubino, Despina, Rosina ou Angelina. Ces rôles dégagent une sincérité touchante mélée à un réel potentiel comique où l'on peut déployer une belle palette de couleurs. Je pense aussi aux rôles de pantalons emblématiques de l’opéra français, comme Siébel, Stéphano ou Urbain. Je suis très attirée par l’opérette, pour le plaisir du théâtre parlé/chanté. Je serais très heureuse d'interpréter le rôle de Lazuli, petit gars rêveur et fougueux dans L’Étoile de Chabrier, dont j'ai donné un extrait lors de l'audition déroulement de carrière de Génération Opéra : l’air du colporteur. Engagée dans la mise en lumière des œuvres de compositrices, j'aimerais beaucoup me frotter à leurs opéras. Je pense au magnifique rôle d'Alcina dans La Liberazione di Ruggiero dall'isola d'Alcina de la compositrice baroque Francesca Caccini, mais aussi à Hélène dans Faust et Hélène de Lili Boulanger, sans oublier les opérettes de Jane Vieu. Et puis j’adore danser, la comédie musicale pourrait aussi être une belle aventure pour allier théâtre, chant et danse !
Avez-vous des projets pour cette saison ?
Je serai très prochainement à la Cité Bleue de Genève dans Graal(s), une création coproduite avec le Grand Théâtre de Genève, qui revisite la légende du roi Arthur avec de nombreuses citations de Purcell. Après avoir participé récemment au Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France, je retournerai bientôt dans cette maison avec les Cris de Paris pour un programme autour de Monteverdi. Je chanterai également à la Philharmonie de Paris dans le cadre du calendrier de l’Avent de la Cité des compositrices, avec laquelle je collabore activement. Enfin, je poursuis avec un grand enthousiasme mes projets avec le Trio Haydée, que j'ai co-fondé – une formation atypique réunissant voix, flûte et harpe. Après un premier disque consacré aux compositrices, le deuxième album est actuellement sur le feu.