INTERVIEW Emy Gazeilles - soprano, promotion 23-24

Alors qu'elle s'apprête à chanter sur la scène de l'Opéra de Toulon le rôle de Frasquita (Carmen), Emy Gazeilles soprano de la promotion GO 23-24 qui intègrera la troupe de l'Opéra national de Paris en septembre prochain, nous parle de son parcours, sa découverte du genre lyrique et de ses prochains projets.

Reportage 7
Génération Opéra — 

Peux-tu te présenter, et présenter ton parcours artistique ?

Emy Gazeilles — 

Je m’appelle Emy, je viens de Barbentane, c’est un village proche d’Avignon. Ma mère y était chorégraphe et j’ai appris à danser auprès d’elle pendant 10 ans avant de faire mes premiers pas sur scène dans le milieu de la comédie musicale et des musiques dites "actuelles" (funk, soul, rock).
Après mon baccalauréat, j’ai intégré le Conservatoire d’Avignon, puis le Conservatoire de Lyon dans la classe de Pierre Ribémont. Ensuite, j’ai continué mon cursus au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris où j’ai été diplômée en 2022 dans la classe de Yann Toussaint. J'ai également été formée auprès du chef de chant Antoine Palloc.
À, 21 ans j’ai chanté mon premier grand rôle, il s’agissait de Gilda (Rigoletto) sur la scène de l’Opéra de Rouen puis au Théâtre des Champs-Elysées. On m'a ensuite confié le rôle d'Iris (Sémélé) dirigé par Emmanuelle Haïm à l'Opéra de Lille et Frasquita (Carmen) à l'Opéra de Toulon.
J’ai chanté à l'occasion de récitals dans les Opéras de Montpellier et d'Avignon grâce au Concours international des jeunes chanteurs lyriques de Nîmes et au Concours international de la mélodie de Gordes que j'ai récemment remporté. J'ai également obtenu plusieurs prix lors du Concours des Symphonies d'Automne de Mâcon en 2021.
Dernière nouvelle réjouissante :  je rejoins la troupe de l'Opéra National de Paris à la rentrée ! 

Comment as-tu pris le chemin de l’opéra et de la musique en général ?

Je viens d'une famille plutôt mélomane, très curieuse, joueuse et dégourdie. Mes cinq frères et sœurs, ma mère et moi-même avons passé beaucoup de temps autour d'instruments pour improviser et jouer ensemble. Je chantais donc dans un registre plus actuel avant de découvrir le chant lyrique. Passant le plus clair de mon temps à Avignon et Orange, j’ai pu assister à de nombreuses représentations aux Chorégies et à l’Opéra d’Avignon...  Initiée par ma professeure de spécialité musique au lycée, Mme Sick-Plantevin, j'ai découvert le monde lyrique en interprétant les rôles d'Adèle (Fledermaus) et de Marguerite (Faust) dans des opéras pédagogiques mis en scène par Nadine Duffaut en partenariat avec les productions jouées à l'Opéra d'Avignon.  

Quel est ton premier souvenir d’opéra ?

Je me souviens d'être chez mes grands-parents, je devais avoir un peu moins de 10 ans.
Ma grand-mère me dit "Puisque tu aimes chantonner, écoute un peu cet album !"
J'entendis le CD de la Traviata (si je ne me trompe pas) interprété par la Callas pour la première fois.
"Écoute comme elle chante aiguë !" s'exclama-t-elle.
Je me revois en train d'essayer discrètement de reproduire des notes qu'elle chantait en me disant "C'est pas si difficile mamie... ". 
Aujourd’hui, je m’aperçois que je n’avais aucune idée de ce à quoi je me préparais !

Peux-tu revenir sur une production marquante / un moment fort dans ton parcours ? 

Je garde de merveilleux souvenirs de notre production de Rigoletto, premièrement parce que j'ai fait mes débuts avec celle-ci mais aussi parce que j'y ai rencontré des collègues qui sont devenus de vrais amis. Aussi, la production a tourné entre Rouen et le Théâtre des Champs-Elysées elle durait plus longtemps qu'une production classique. Enfin, cette version participative fut spécialement marquante puisque le public était constitué, pour la plupart du temps, d'enfants qui chantaient avec nous sur certaines scènes de l'œuvre. Nous chérissions chaque fois que la salle s'éveille pour prendre la parole au même moment que nous. 

Quel serait le rôle de tes rêves dans les prochaines années ? 

Un mot : Juliette. (Roméo et Juliette de Gounod) 

Peux-tu nous parler de tes prochains projets ?

Je chante actuellement Frasquita à l'Opéra de Toulon dans la production de Carmen mise en scène par Henning Brockhaus, puis je chanterai Susanna cet été (Le Nozze di Figaro) au Festival des Concerts du coucher de Soleil dirigé par Cyril Diederich. 

Je ferai mes débuts à l'Opéra national de Paris la saison prochaine dans deux opéras de Massenet : Cendrillon et Don Quichotte. J'interprèterai Noémie (Cendrillon) sous la direction de Keri-Lynn Wilson et celui de Pedro (Don Quichotte) sous la direction de Mikhail Tatarnikov. Je chanterai également Le Feu/Le Rossignol dans L'enfant et les sortilèges de Ravel. Mes prochains récitals de la saison ont lieu au festival de Montperreux, aux Musiques en fête, au festival Transat en ville à Rennes et aux Flâneries lyriques d'Aix-en-Provence.

 Quelles sont tes dernières découvertes culturelles ?

J'ai récemment découvert le genre de la Zarzuela, musique pour laquelle je prends beaucoup de plaisir à entendre et apprendre. 

Tu as commencé ta pratique musicale par la musique actuelle, qu’est-ce qui t’a motivé à poursuivre ton parcours dans le milieu lyrique ? 

Après ces deux productions pédagogiques à l'Opéra d'Avignon à 16 et 17 ans, je me suis accrochée à l'idée de remonter sur scène, mettre un costume, jouer dans des décors, lumières, avec orchestre etc.... Mais avant tout cela, il me fallait une technique vocale solide et surtout j’avais besoin d’apprendre le métier. À la différence de la funk ou du rockabilly, le chant lyrique m'a demandé de lâcher mon microphone. C'est cette grande différence qui m'a faite succomber au milieu lyrique. C'est très impressionnant d'entendre une voix dénudée de sonorisation quand on est adolescent... 


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